Le yin et le yang racontés - L’histoire

Voici toute l’histoire derrière mon Exposition artistique qui se tenait de décembre 2023 à janvier 2024  à la Galerie Vincent-D’Indy, Boucherville, Québec.


L’idée de mettre en sourdine le mental pour entrer dans la création a été explorée par de nombreux artistes, notamment par le Groupe des Sept au Canada et les Automatistes du Québec. Les premiers cherchaient à exprimer leur vision du monde à travers leur ressenti, tandis que les seconds laissaient place à une expression libre du subconscient. Ces deux groupes visaient à atteindre le divin par des voies différentes : le sentiment ou le vide mental. Ils comprenaient, comme d’autres avant eux, que taire le mental ouvre un accès direct à l’expression créative inspirée, une porte vers le divin, que l’on explore par instinct.


Il m’est difficile d’expliquer en quelques mots pourquoi la créativité jaillit de l’instinct, mais mes expériences m’ont montré que l’instinct sait bien plus que nous ne le pensons. De nombreux auteurs se sont penchés sur ce sujet, parmi lesquels Carl Gustav Jung, Rick Rubin, Seth Godin, et Jacob Nordby, pour n’en citer que quelques-uns. Sans entrer dans un discours ésotérique qui pourrait rebuter certains, il est important de rappeler que depuis des millénaires, le cœur, le centre, la force vitale, a été reconnu comme un cerveau central équilibré. Pourtant, nous avons appris à ne pas prêter attention à cet organe primordial, capable de ressentir et de fonctionner instinctivement avec une cohérence absolue.


Aujourd’hui, on parle de plus en plus de pleine conscience, du moment présent, de méditation pour revenir à soi, pour s’intérioriser. Introduite très jeune à la méditation, ce sujet n’a jamais cessé de m’interpeller. À travers mes lectures et mes aventures, de nombreuses voies se sont offertes à moi pour avancer sur le chemin de la connaissance de soi. Cependant, c’est le zen qui a capté mon attention. C’est à travers cette pratique que j’ai découvert en 2016 le lien entre le silence de l’esprit et l’expression créative par instinct.


Le zen est une pratique ancienne, originaire de Chine, ancrée dans la tradition bouddhiste. Sa méthode rigoureuse, notamment le zazen (méditation assise avec une posture précise), vise à atteindre le silence intérieur en observant ce qui surgit à l’esprit, pour ensuite laisser passer ces pensées sans les analyser ou les développer. Plus on pratique cette observation, plus on prend conscience de la facilité avec laquelle on se perd dans un esprit constamment actif. Et plus on pratique, plus on parvient à des moments de silence équilibré, une paix intérieure profonde. En observant chaque moment, chaque réaction, chaque instant d’inattention, j’ai découvert et transcendé bien des choses sur moi-même, sur ma manière de vivre, de réagir, d’accueillir les autres.


Ces moments d’observation génèrent une conscience aiguisée du présent. Cette force d’être pleinement dans le ressenti, plutôt que dans le mental, se transpose dans mon art. Cette capacité à être complètement ancrée dans le ressenti me permet d’être à l’écoute de l’instinct, de l’intuition, des sensations qui émergent et qui guident mes mouvements, mes choix artistiques.


Ainsi, l’observation zen et l’exploration artistique se rejoignent. Ce que je découvre dans ma quête philosophique, je tente de l’exprimer à travers le silence, de manière automatique, artistique. En ce sens, ma recherche spirituelle occupe une place essentielle dans mon expression artistique.


La naissance de la série « Le yin et le yang racontés »


Je suis une chercheuse.


J’ai grandi dans une famille ouverte, créative et spirituelle. Chez nous, la spiritualité se vit à travers la nature, les animaux, la bonté, le respect. La créativité faisait partie intégrante du quotidien. La maison était remplie de peinture, de crayons, de jeux inventés. Je construisais des maisons en carton pour mes poupées, je leur confectionnais des vêtements.  Je peignais, je crayonnais, je découpais et collais des images des catalogues Sears et Eaton. Mes jeux en extérieur, dans la nature, étaient également créatifs. Je m’inventais des histoires et jouais mes propres scénarios.


Dans les années 1980, l’art a pris une place importante dans ma vie après un accident de travail. Un ami, François, m’a initiée à l’aquarelle, et j’ai passé mes journées à peindre. C’est dans cette exploration que j’ai découvert ma capacité à créer de manière intuitive, comme si une force intérieure me guidait naturellement. À l’époque, je ne montrais mes œuvres qu’à ma famille et à quelques amis proches.


L’art ne m’a jamais quitté, et ma créativité a emprunté divers chemins. En 2009, j’ai commencé à présenter publiquement mon travail. En 2017, j’ai trouvé le courage de devenir entrepreneure de mon art, animée par le désir de partager mes découvertes. Car l’art, tel que je le pratique, apporte apaisement et réconfort, et permet une profonde connexion à soi.


À travers cette connexion, j’explore artistiquement et spirituellement les questions qui me hantent depuis mon enfance : Qui suis-je ? Qui sommes-nous ? Quel est le sens de cette vie ? Par l’art, j’ai trouvé quelques réponses :


              •           L’art fait du bien lorsqu’il est sans attentes.

              •           Le zen est puissant.

              •           Le chemin qui s’ouvre est ta voie.

              •           La magie est bien réelle.



La souffrance est une illusion de l’esprit, et mon esprit envahissant me contrôle. Pendant les longues minutes passées en zazen, j’ai compris cela. Sans ces pensées qui m’assaillent, je suis totalement libre et en paix. C’est moi qui contrôle mon esprit, et non l’inverse. Le zen m’a également permis de comprendre comment j’atteins cet état d’esprit libre, ce que certains appellent le “flow” ou la muse, ces moments de clarté et d’inspiration qui portent l’artiste vers une créativité pure. La clé réside dans l’apaisement des pensées.


Lorsque je m’installe pour créer, je commence par libérer mon esprit. Puis, je me laisse guider par le cœur, par l’instinct. Sans attentes ni désirs, sans intervention du mental, l’art devient pour moi une forme de méditation.


Le zen, tel que je l’ai intégré dans ma vie, repose sur l’observation de ce qui est présent en moi : le calme, la frustration, la tristesse, la joie, toutes ces dualités de la vie. Plus j’observe, plus je parviens à me détacher des réactions liées à ces émotions, et plus je ressens la paix et la liberté face à la souffrance. Le principe des dichotomies (yin-yang) devient une réalité que je peux transcender. Dans ce détachement, je touche à l’unité. Lorsque je me trouve dans cette unité, mon chemin devient clair. Sans ego, je découvre une paix profonde et surprenante. Dans cet état, je vois que la paix est possible, mais elle commence par un travail intérieur.


Au fur et à mesure que cette quête avance, je prends conscience de l’impact de mes actions sur mon quotidien. Même mes pensées jouent un rôle. Tout ce que je pense se manifeste. Les pensées sont de l’énergie, dotées d’un pouvoir créatif indéniable ! Je comprends enfin le fonctionnement de ce que j’appelle “l’univers”. Plus je perçois et comprends son mécanisme, plus je lâche prise et me laisse guider par ce qui se présente sur mon chemin. Pendant mes méditations, je demande à être guidée vers les actions à entreprendre, la direction à suivre, et grâce au développement de mon intuition, nourrie par le zen et l’art, je ressens les bonnes actions à prendre. Mon chemin se trace naturellement, et je fais confiance. L’univers me répond et me guide. J’écris tout ce qui se passe : les synchronicités, les actions inspirées, les résultats, etc. J’observe et je note lorsque surgit le doute ou la critique, quand la créatrice est en action, ou quand la paix m’habite. C’est dans cette paix, cette fréquence élevée, que les choses se concrétisent. Dans cet état, je ressens une légèreté d’être, une énergie palpable, comme un amour puissant.


J’écris donc ce dialogue entre moi-même et l’univers. Je demande à être guidée, et je reçois. Plusieurs journaux sont remplis de mes rêves et de mes demandes pour être orientée sur le bon chemin. J’ai choisi l’art, mais je demande constamment des confirmations pour m’assurer que je suis sur la bonne voie. Et je reçois ces confirmations : les actions que j’entreprends réussissent, ce qui me montre que je suis sur le bon chemin.


Dans l’un de mes journaux, daté du 2 janvier 2022, on peut lire :

“Je me construis, j’apprends à me faire confiance à travers la méditation et l’art. Je me sens vivante et en paix. Et j’enseigne aux autres à faire de même. Je n’ai jamais été aussi heureuse et libre. Placez les bonnes choses sur ma route afin que je sache où aller. Merci.”


En février 2024, j’écris : “Tous mes rêves se sont réalisés.”


La résidence


L’une des actions qui m’ont été inspirées intuitivement fut de postuler pour une résidence offerte par le Centre d’art de Boucherville. Avec un total détachement et sans attentes, je réalise les actions inspirées et les oublie ensuite. Elles sont lancées dans l’univers, et si c’est mon chemin, elles se concrétiseront. Une autre action fut de postuler pour une exposition à la galerie Vincent-D’Indy, la plus grande galerie de Boucherville.


Ma candidature pour la résidence fut acceptée ! Je réaliserai une résidence de création d’une durée de cinq semaines, avec quelques mois pour me préparer. Incroyable ! La magie de la vie est bien réelle ! Merci à l’univers. Ce cadeau est précieux, et j’y consacrai tout mon cœur et mon attention. Pendant les mois précédant l’entrée en résidence, je travaille avec différentes couleurs, différents médiums, je compose, découpe, colle. Tout ce travail se fait dans un esprit zen, sans pensées actives. Je suis guidée par l’instinct, l’intuition, le cœur. Dans la paix du non-jugement, dans l’exploration créative libre. Je ne sais pas où cela me mènera, mais je sais que c’est le chemin que je dois suivre. De nombreuses découvertes se feront en cours de route. 


À mon arrivée en résidence, j’ai une belle sélection d’idées visuelles pour créer de grandes toiles. Ce sera la première fois que je travaille sur des toiles de très grande dimension. Je n’ai pas encore choisi la palette de couleurs avec laquelle je vais travailler. J’installe mes idées à portée de vue et j’attends l’inspiration, l’intuition qui me dira quelle direction prendre. C’est dans cette réflexion que je me trouve le premier jour de résidence, lorsque Benjamin, le responsable accompagnateur, vient m’informer que je suis aussi sélectionnée pour exposer mes œuvres dans la plus grande galerie de Boucherville, la galerie Vincent-D’Indy.


Le doute et la peur m’envahissent : celle de ne pas réussir, de ne pas parvenir à créer (il me faudra au moins 20 grandes toiles et je n’en ai encore aucune !). Je vois clairement toutes les émotions qui se manifestent. Et j’écris ! Mon journal m’accompagne. Pendant cette première semaine en résidence, je traverse ces émotions, je les observe. Je pratique mon zen, je maîtrise mon esprit, et je retrouve le calme, cette énergie magique du cœur. Je réalise ma première toile en quelques heures (voir photo en bas de page “Le Rose s’impose”). Quatorze autres suivront pour compléter l’exposition. (Voir l’exposition).


Le titre s’impose de lui-même : “Le yin et le yang racontés” : l’aboutissement de ma quête, ma compréhension de la dichotomie de la vie, et comment transcender cette dualité pour entrer dans l’unité et vivre en paix, en harmonie avec l’univers. 


Je termine la résidence en mai 2023 avec 15 toiles complétées (j’en ai offert une à ma mère, qui ne sera donc pas exposée). À ce moment, je sais qu’il manque encore cinq grandes toiles pour remplir la galerie Vincent-D’Indy. Elles seront créées, dans un esprit zen, en octobre 2023. Encore une fois, la recherche et la pratique intuitive guideront la réalisation de ces œuvres (voir photos des cinq dernières oeuvres en bas de page).


Cette exposition marque un tournant majeur dans mon parcours. La magie de l’univers se manifeste pleinement lorsque l’on parvient à s’accorder à sa fréquence. Pour moi, ce chemin fut ardu, mais profondément transformateur.


En 2023, j’ai été officiellement reconnue comme artiste professionnelle, une étape qui valide non seulement mon travail, mais aussi l’intégration de l’art et de la méditation dans ma vie. Je poursuis désormais ce chemin en partageant mes apprentissages et en diffusant ma méthode, “Art Zen, Art Libre”.  


Je continue à explorer et à créer de manière automatique, guidée par l’instinct, l’intuition, et le cœur. En parallèle, je m’efforce de perfectionner mes compétences pour consolider mes acquis et progresser sur ce chemin artistique. Et je consigne tout cela dans mes journaux de bord. 


Toutes les toiles furent créées dans l’automatisme, dans l’instinct, par intuition, avec le coeur. 

Photo : Le rose s’impose

Vidéo : Mon cahier de réchauffement

Photos : Les cinq dernières 



 

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