La peur d’approcher une oeuvre
October 7, 2025Et si on n’avait pas besoin de tout comprendre pour aimer ?
Quand on regarde sans oser
Il y a des gens que l’art attire, mais qui n’osent pas s’en approcher.
Ils s’arrêtent devant une toile, la regardent longuement, puis repartent en silence.
D’autres font défiler les images sur un site d’artiste, le doigt suspendu au-dessus d’une œuvre qui les touche… et qu’ils ne savent pas comment aborder.
Ils disent souvent : « je ne connais rien à l’art », comme pour s’excuser d’avoir ressenti quelque chose.
Cette phrase, je l’ai entendue tant de fois.
Et chaque fois, elle me touche.
Parce qu’elle parle d’une émotion universelle : la peur.
La peur de mal dire, de mal faire.
La peur de ne pas comprendre, de paraître maladroit.
La peur, parfois, que ce monde-là — celui de l’art — soit réservé à d’autres, à ceux qui savent déjà comment y entrer.
Ceux qui passent sans regarder
Et puis, il y a ceux qui passent à côté.
Qui ne regardent pas, ou à peine.
Par peur, parfois, de ce que l’art pourrait réveiller.
Parce qu’une œuvre peut toucher là où on ne s’y attend pas : dans un souvenir, dans une émotion enfouie, dans un espace intérieur qu’on préfère ne pas rouvrir.
On croit alors se protéger en détournant les yeux.
Mais souvent, c’est juste une autre forme de sensibilité.
Un refus qui dit : « je ne suis pas prêt à sentir ça maintenant ».
Et c’est correct aussi.
Parce que même ce geste de détourner le regard fait partie de la relation à l’art — il dit quelque chose, lui aussi.
Une distance apprise, pas naturelle
On a souvent présenté l’art comme un territoire mystérieux, codé, presque sacré.
Un lieu qu’il faut “mériter”, “comprendre”, “interpréter”.
Et à force, beaucoup ont fini par croire qu’ils n’avaient pas leur place là-dedans.
Mais l’art n’est pas un examen.
C’est un langage, et ce langage parle à chacun différemment.
Il n’y a pas de bonne façon de regarder une œuvre.
Il y a seulement ta façon à toi, celle qui vient du cœur.
Une œuvre d’art ne demande pas d’explication.
Elle propose une rencontre.
Et parfois, cette rencontre se fait sans un mot — dans un silence habité, dans une émotion qui traverse, dans une reconnaissance intérieure.
Ce que l’artiste espère
L’artiste, lui, n’attend pas qu’on arrive avec des connaissances ou des certitudes.
Il n’attend pas qu’on achète (même si c’est un encouragement indéniable).
Il espère surtout qu’on ressente. Qu’on s’approche, qu’on prenne le temps.
Qu’on ose poser une question, même simple, même hésitante.
Ce moment-là — celui où une personne dit « je ne sais pas pourquoi, mais cette œuvre me parle » — est souvent le plus beau.
Parce qu’il révèle ce que l’art a de plus humain : la capacité de relier deux mondes sans les forcer à se comprendre.
Les petits créateurs indépendants, ceux qui travaillent seuls dans leur atelier, ne cherchent pas à impressionner.
Ils cherchent à partager.
À créer des œuvres accessibles, proches, sincères.
Des œuvres qui respirent la vie quotidienne, les émotions du moment, la beauté simple du geste.
Ils demandent qu’on prenne le temps de regarder. De se laisser toucher.
Quand ils montrent leur travail.
Oser s’approcher, tout simplement
Alors, si une image t’appelle, approche-toi.
Pas pour “comprendre”, mais pour écouter.
Regarde ce qu’elle t’évoque.
Reste avec ce que tu ressens.
Demande à l’artiste ce qu’il a voulu exprimer, ou dis-lui simplement ce que toi, tu y vois.
C’est souvent à ce moment-là que quelque chose s’ouvre :
le lien entre celui qui crée et celui qui regarde.
Un lien simple, humain, vrai.
L’art n’a pas besoin d’être élitiste ni lointain.
Il peut être proche, vivant, à hauteur du cœur.
Et si tu oses t’approcher, tu verras peut-être que l’art ne demande rien d’autre que ça : ta présence.
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Christine Girard
Artiste professionnelle - art abstrait intuitif et automatique
Fondatrice de la méthode Art zen, art libre
www.girardartist.com