L’exploitation des artistes : quand la passion sert d’excuse…
March 6, 2025L’art enrichit nos vies, mais qui soutient les artistes?
Il y a quelque temps, j’ai vu passer une offre où un artiste était invité à faire une démonstration de sa technique pendant une demi-journée en échange d’un cachet dérisoir. Quand on prend en compte le temps de préparation, le déplacement et le matériel, cette rémunération devient presque symbolique.
Et ce n’est pas un cas isolé. Partout, les artistes font face à des offres sous-payées, parfois même sans rémunération, sous prétexte que cela leur offre de la “visibilité”. Mais peut-on payer son loyer avec de la visibilité ?
Aujourd’hui, je veux mettre en lumière les chiffres réels sur les revenus des artistes et dénoncer ces pratiques qui, sous couvert de passion, fragilisent tout un milieu.
📊 Les chiffres parlent d’eux-mêmes : des revenus bien en dessous de la moyenne
On imagine souvent les artistes comme des personnes libres, vivant de leur créativité. Mais derrière cette image se cache une précarité alarmante.
• Au Canada, le revenu médian des artistes est de 21 600 $, soit 43 % de moins que l’ensemble des travailleurs (37 900 $).
• À Montréal, ce chiffre tombe à 17 400 $, presque deux fois moins que le revenu médian des travailleurs de la ville (35 600 $).
• Même en comptant les artistes les mieux payés, le salaire moyen ne dépasse pas 62 400 $ par an selon Glassdoor, loin d’être un revenu stable pour beaucoup.
Pourquoi une telle différence ? Parce que les contrats sont précaires, intermittents et souvent sous-payés.
💰 L’exploitation cachée : quand la passion devient une excuse
Les artistes se voient régulièrement proposer des offres qui ne couvrent même pas le minimum vital.
Exemples concrets de rémunération dérisoire :
✔ Des prestations à 200 $ pour 8 heures de travail, soit 25 $ de l’heure, sans tenir compte de la préparation et du matériel.
✔ Des offres où l’on propose de travailler gratuitement en échange de “visibilité”.
✔ Des appels à projets où l’artiste doit soumettre un travail sans garantie de rémunération.
Pourtant, selon les tarifs recommandés par CARFAC-RAAV, un artiste devrait être payé entre 40 et 70 $/h selon son expérience. Une prestation de 8 heures devrait donc être rémunérée entre 320 et 560 $, et non 200 $.
Ce genre de pratique tire tout le milieu artistique vers le bas, car chaque artiste qui accepte ces conditions affaiblit les droits de tous les autres.
🚧 Pourquoi cette situation perdure-t-elle ?
Beaucoup de croyances erronées contribuent à cette sous-rémunération :
❌ “Les artistes font ça par passion.” → Oui, mais la passion ne paie pas les factures.
❌ “On t’offre de la visibilité.” → Et si c’était une vraie opportunité, pourquoi ne pas payer aussi ?
❌ “Il y aura toujours quelqu’un d’autre prêt à accepter.” → C’est justement ce qui nourrit un cercle vicieux d’exploitation.
📢 Ce qu’il faut changer : éduquer et valoriser le travail artistique
🎭 Éduquer le public et les organisateurs : Beaucoup ignorent qu’un artiste ne se contente pas de “jouer” ou de “peindre”. Il y a des années de formation, d’investissement et de travail derrière chaque prestation.
💰 Refuser les offres abusives : Plus les artistes se soutiennent entre eux, plus il sera difficile pour les exploitants de sous-payer leur travail.
📜 Appliquer les barèmes professionnels : Exiger une rémunération en accord avec les recommandations des associations d’artistes.
✨ Conclusion : L’art est un métier, pas un passe-temps
L’art enrichit la société, mais les artistes doivent pouvoir vivre de leur talent. Accepter de travailler pour presque rien ne fait qu’entretenir une culture de précarité et d’exploitation.
🎨 Aux artistes : osez demander un juste prix pour votre travail.
📢 Aux employeurs et organisateurs : si vous avez un budget pour la logistique, vous devez en avoir un pour rémunérer l’artiste.
Source : Conseildesarts.ca ; Laws-Lois.justice.gc.ca